Les hauts salaires de la Sacem choquent les députés

Les députés recherchent les raisons qui justifient de telles rémunérations. En dépit des explications, ils restent sceptiques.

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Temps de lecture : 3 min

On ne peut pas dire que la Sacem ait convaincu les députés, de droite comme de gauche. Auditionnés, mercredi matin, sur le caractère très élevé de leurs salaires, les dirigeants de la société de perception ont fait un bide. "Nous pouvons regretter le manque d'informations précises concernant le niveau de rémunération des dirigeants de la Sacem", souligne Michèle Tabarot, présidente de la commission des Affaires culturelles, qui, sans assister elle-même à l'audition, a recueilli le sentiment de ses collègues après concertation. "Les explications apportées n'ont pas convaincu, certaines ont même pu surprendre."

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La rémunération de Bernard Miyet (environ 600.000 euros par an), président du directoire, fait l'objet de vives critiques chez les députés. Pour justifier un tel salaire, Bernard Miyet explique qu'avant de rejoindre la Sacem il exerçait des fonctions de secrétaire général adjoint à l'ONU. La Sacem lui a assuré le même train de vie... "Heureusement qu'il n'était pas secrétaire général, mais seulement adjoint !" ironise Marcel Rogemont, député PS d'Ille-et-Vilaine. "Une telle vision nuit forcément à l'image de la Sacem, réagit, pour sa part, Michèle Tabarot. Car elle est fortement déconnectée de la réalité du marché et des salaires normalement pratiqués dans notre pays." En outre, on ne voit pas bien le rapport entre diriger une institution de droit international et la gestion, somme toute "pépère", des droits des artistes... Le plus drôle, c'est que la Sacem a osé se comparer à Apple, firme de Steve Jobs... Par politesse, les députés se sont retenus de sourire.

Les députés attendent plus de transparence

Le rapport de la commission de contrôle des sociétés de perception des droits (SPRD) avait, par ailleurs, pointé du doigt des débordements sur les frais d'hôtel et de restaurant, payés, pour l'essentiel, par carte bancaire. Les dirigeants de la Sacem "ne respectent guère la note interne relative" aux frais, qui est pourtant assez généreuse : les cadres dirigeants doivent s'en tenir à des hôtels trois étoiles, les repas à l'étranger ne doivent pas excéder 40 euros, et pas plus de 70 euros par personne lorsqu'ils invitent. La commission permanente n'avait pas pu pousser plus loin ses investigations, car la Sacem ne dispose pas d'un suivi analytique des dépenses payées par carte. L'opacité "étonnait" les rapporteurs...

Les députés sont, quant à eux, restés sur leur faim. "Concernant les frais de gestion, la commission des Affaires culturelles a acquis la conviction qu'une grande clarification est indispensable, estime Michèle Tabarot. Les dirigeants de la Sacem ont fait état d'une volonté de rigueur et de transparence. Je compte sur la commission de contrôle des SPRD pour attester la réalité de ces efforts. Bien des questions ont été soulevées, et nous avons pu mesurer les nombreux griefs des ayants droit et des redevables envers la Sacem."

Les députés affirment qu'ils veilleront à ce que la Sacem tienne ses engagements. Il est toutefois difficile d'imaginer que Bernard Miyet et ses cadres dirigeants revoient leurs salaires à la baisse. "On nous a expliqué que baisser la rémunération globale des plus hauts dirigeants de 500.000 euros ne se traduirait que par une économie de 0,01 centime pour les adhérents. Drôle de raisonnement, remarque Marcel Rogemont. On peut donc les augmenter de 500.000 euros sans que cela se voie..."

Commentaires (79)

  • pmphilipps

    Tout à fait d'accord avec toi.
    Les commentaires blasés des instruits qui comparent les salaires de footballeurs à ceux des racketeurs de la petite culture me font bien marrer !
    Il faut avoir organisé des petits concerts aux sein d'associations ou de petites mairies, avoir joué avec son groupe et voir l'argent soutiré par un inspecteur sans aucun espoir de retour et qui calcule le dû sur les recettes du bar, avoir tenu un petit rade pour comprendre ce que signifie ces salaires démesurés ! On se fout de notre g... et on justifie cela sans problème, mais c'est dément !

  • Charlie

    La Sacem est utile et indispensable pour certains, c'est évident, mais elle aurait pu être un relais avec les toutes petites assos qui peinent à aider de jeunes musiciens amateurs qui souhaiteraient avancer en voie de professionnalisation, au lieu de cela, alors que beaucoup d'entre nous travaillons bénévolement et avec nos propres deniers, à transpirer de craintes de peur qu'un tout petit évènement soit trop déficitaire et mette notre compte perso dans le rouge... nous nous retrouvons fliqués, avec des petites interventions dans des toutes petites salles ou bars, et oui, chaque sou est bon à prendre. Alors excusez moi, mais ça me donne un petit gout amère. Un peu de sous pour nos projets au lieu de vouloir nous en prendre auraient été bienvenus et je pense que les artistes en tête d'affiches ne verraient aucuns inconvénients à devenir le relais (les tuteurs) pour aider les plus jeunes à évoluer et faire vibrer le monde culturel de jeunes artistes en devenir. Au lieu de cela, nous avons l'impression qu'on veut nous étouffer en recouvrant nos actions avec un grand couvercle. Donc, bien déçue de voir que frais et certains gros salaires pourraient faire preuve d'un peu de décence, mais bien sûr c'est une société privée... faut savoir, que certaines salles ou tremplins ou médias ne veulent promouvoir de jeunes groupes s'ils sont à la Sacem, pas de skeud dans les magazines, pas de tremplins... bref, on tourne en rond et de bons petits groupes émergents jettent l'éponge. Pourtant croyez moi, en France, nous avons une très belle scène émergente, non médiatisée, avec aucun recours pour se faire découvrir. Bonne journée à toutes et tous.

  • Gramuchon

    Ils cumulent les mandats et certains les retraites. On devrait publier l'argent que l'état verse aux élus, car il s'agit de notre argent quand même.