Le directeur général de la gendarmerie nationale a demandé, jeudi 3 février, l'ouverture d'une enquête administrative de l'inspection générale de la gendarmerie. Il s'agit de faire "toute la lumière" sur la manifestation du 21 janvier au cours de laquelle des participants disent avoir été victimes de violences de la part des gendarmes, ce qu'atteste la vidéo ci-dessus.
L'ouverture d'une enquête administrative est la première réaction significative de la direction de la gendarmerie, pourtant sollicitée à de nombreuses reprises par Le Monde.fr, depuis la diffusion, mercredi, de la vidéo montrant notamment un gradé de la gendarmerie utiliser des gaz lacrymogènes contre des manifestants apparemment pacifistes. Ces personnes tentaient de retarder le départ d'un train touristique, pour protester contre la tentative de rattachement de leur communauté de communes à la communauté d'agglomération voisine, celle d'Alès.
A l'annonce de l'ouverture d'une enquête, Alain Beaud, le président socialiste de la communauté de communes d'Anduze, présent le jour de la manifestation, réagit : "Tant mieux, dit-il au Monde.fr. Que la direction de la gendarmerie nationale prenne ses responsabilités. Je pense qu'il faudrait sanctionner le commandant de gendarmerie qui a utilisé sa bombe lacrymogène. Mais ce n'est pas à nous de le décider. Nous n'en voulons pas à la gendarmerie nationale. Nous voulons dénoncer le geste de ce gendarme."
VERSIONS DIVERGENTES
"Le gendarme nous a gazés sans sommation", a fait valoir Alain Beaud. En première ligne ce jour-là devant le train à vapeur, avec d'autres élus, il affirme avoir négocié au préalable avec le commandant de gendarmerie d'Alès, Frédéric Warion : celui-ci aurait dû, selon l'élu, prévenir les manifestants, au bout de 5 à 15 minutes, qu'il était temps de partir. Ces derniers étant prêts à s'exécuter, selon M. Beaud.
Mercredi, la DGGN affirmait n'avoir "aucun commentaire à faire pour l'instant" sur cette vidéo. Une source proche de la gendarmerie rapportait cependant que les manifestants auraient eu l'intention de ne pas partir et étaient moins pacifistes que ne le montre la vidéo. Se seraient également produits des jets de pierre et des dégradations contre la locomotive du train, qui transportait des élus, dont Max Roustan, député-maire UMP d'Alès, dont la communauté d'agglomération est accusée de vouloir faire disparaître celle d'Anduze. Les manifestants affirment qu'aucune dégradation ou provocation n'a eu lieu avant que le gradé utilise sa bombe lacrymogène. La brigade de recherches d'Alès enquête sur ces dégradations, a appris Le Post.fr.
Accusé par des sources de gendarmerie d'avoir mis en ligne un montage vidéo "parcellaire"Monde.fr
, le réalisateur Edmond Zimmermann, un retraité vidéaste amateur militant pour la communauté de communes d'Anduze, a affirmé au
avoir déposé ses rushes chez un huissier.
TRENTE PLAINTES ANNONCÉES PAR UN ELU
Les violences dénoncées par les défenseurs de la 2C2A (Communauté de communes autour d'Anduze) consistent notamment dans l'utilisation abusive, selon eux, de gaz lacrymogène. Cet usage était totalement inutile, estiment notamment des élus, dont Alain Beaud.
Selon l'élu, une trentaine de plaintes sont en préparation. Une seule serait déjà déposée, selon lui, celle d'une dame que l'on voit au début de la vidéo, en assez gros plan, assise sur le bord du quai, une pancarte autour du cou. Elle aurait fait valoir, auprès de la gendarmerie d'Anduze, certificat médical à l'appui, qu'elle avait souffert d'un œil en raison des gaz lacrymogènes, selon Alain Beaud et Huguette Scardapane, présidente de l'association Ardiece, qui a appelé à la manifestation.
Une autre plainte, collective, serait en préparation, en provenance de douze élus, dont Alain Beaud. Elle viserait le commandant Warion. "Une douzaine d'autres sont en préparation, de la part de manifestants", poursuit l'élu.
UN VITICULTEUR DIFFUSE LA PHOTO DE SON VISAGE BLESSÉ
Un cas semble particulier parmi les personnes qui souhaitent porter plainte : celui de Louis Julian,un viticulteur d'une commune voisine. Il a diffusé une photo de son visage portant plusieurs traces de coups. Il précise qu'elle a été prise au lendemain de la manifestation.
Joint par Le Monde.fr, ce soixantenaire se dit "choqué" et explique pourquoi il a écrit une "lettre ouverte" au commandant Warion : "Il m'a porté plusieurs coups de poings au visage, alors que j'étais maintenu par deux gendarmes. Pourtant, je n'avais rien fait de violent. Il a fait tomber sa bombe lacrymogène devant moi et je l'ai simplement ramassée et jetée au loin..." Contactée, la gendarmerie d'Alès renvoie vers la direction nationale qui affirme "ne pas avoir connaissance de ces faits" mais souhaiter faire "la lumière sur l'ensemble de l'affaire" grâce à l'enquête.
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