Cour des comptes : quand Sarkozy liquidait un cinquième du stock d'or de la France

En 2004, le ministre de l'Économie demande à la Banque de France de "gérer plus activement ses réserves de change". Une mauvaise opération.

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L'or vaut aujourd'hui 1 310 euros l'once.
L'or vaut aujourd'hui 1 310 euros l'once. © Sipa

Temps de lecture : 2 min

La Banque de France (BDF) a décidément des progrès à faire. Après avoir essuyé un "constat sévère" de la Cour des comptes en 2005, l'institution a une nouvelle fois été passée au scanner par les Sages de la rue de Cambon. Dans leur rapport annuel 2012, ceux-ci reconnaissent des progrès, mais s'inquiètent toujours d'un réseau territorial trop étendu et recommandent une rationalisation accrue des activités. La Cour dénonce notamment une baisse des effectifs - rendue incontournable après l'entrée de la banque dans l'Eurosystème - en trompe-l'oeil : selon les Sages, le mouvement s'est accompagné d'un recours accru à des prestataires externes, soit l'équivalent de 699 postes équivalents temps plein.

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Au-delà de ses griefs, la Cour des comptes s'intéresse à un épisode méconnu qui a coûté cher à la puissance publique. Nous sommes en 2004, Nicolas Sarkozy dirige le ministère de l'Économie. Déjà à l'époque, les budgets sont difficiles à boucler et le futur président de la République cherche activement à limiter le déficit public... Le 19 novembre 2004, il annonce dans un communiqué s'être mis d'accord avec le gouverneur de la Banque de France pour une "gestion plus active des réserves de change de l'État". Il s'agit en fait d'en finir avec la gestion de bon père de famille des réserves de change, grâce à la vente de 500 à 600 tonnes d'or sur les 3 000 tonnes détenues alors par la Banque de France. Le métal jaune, qui ne rapporte pas d'intérêts, doit être remplacé par un portefeuille en devises censé améliorer les rendements. L'État table sur un revenu supérieur à 200 millions d'euros par an.

Moins lucide que ses partenaires

Sauf que l'opération est tout sauf une bonne affaire. Entre décembre 2004 et septembre 2009, la BDF se sépare d'un cinquième de son stock de métal fin (589 tonnes). Et empoche, en cumulé, un pactole de 4,67 milliards. Mais le cours de l'or, lui, continue de s'apprécier ! Depuis trois ans, il a pris 94 %. Au final, si le programme n'avait pas été exécuté, la valeur des réserves en or de la Banque de France aurait atteint 19,4 milliards d'euros à fin 2010, quand celle des réinvestissements en devises s'élevait à seulement 9,2 milliards d'euros !

Étonnant quand on sait que "le rythme de mise en oeuvre du programme de vente" devait dépendre du jugement du gouverneur de la BDF sur son opportunité, "en particulier au vu de l'évolution des cours observés sur le marché de l'or". Plusieurs pays, engagés dans des programmes similaires, ont d'ailleurs choisi d'y mettre fin plus tôt, comme la Belgique en 2005, le Portugal en 2006 et l'Espagne en 2007. Pas la France.


Commentaires (157)

  • Sully-Morland

    La fin de la convertibilité du dollar en or avait été anticipée par notre défunt Grand Charles dès 1967 en vendant à tout va de la devise US contre de l'or.
    Indépendamment à toutes les considérations relevant de la justesse d'appréciation ou non des rendements des obligations par rapport à une comparaison qui n'a pas lieu d'être avec l'or, l'acte fiduciaire consistant à émettre de la monnaie constitue un acte d'anticipation et d'amorçage à de nouvelles richesses. Sauf que depuis les pétrodollars et la fin de cette convertibilité dollar/or, la plus forte entité économique au monde exporte son inflation pour capter les nouvelles richesses produites par d'autres. Ce système étant biaisé, les chinois, notamment, ne s'y sont pas soumis, sauf par les créances en bons du trésor US qu'elles détiennent. Nous sommes donc désormais dans un mécanisme qui est donc en train d'atteindre ses limites d'équilibre et qui jugule avec des mécanismes d'amplifications des distorsions entre les phases dites d'amorçages et celles de capitalisation. Les fameuses bulles. En outre, bien des paramètres économiques participant à la création des richesses ont été jusqu'à présents ignorés au titre d'une appréciation capitalistique et dans le même temps ils commencent à représenter des budgets en croissances exponentielle au niveau maintenance. L'environnement notamment. La formation, l'éducation et tout ce qui concoure à établir des bases durables aux sociétés humaines. La conquête et la sur-exploitation de nouveaux espaces a permis d'amplifier la réalisation des richesses nouvelles que l'acte fiduciaire permettait d'anticiper. Or, cette forme d'exploitation est en train de buter à une fin de cycle. L'entêtement aveugle d'une recette ayant marché jusqu'à il y a peu sans en disséquer les tenants et les aboutissants nous mène droit à un crack majeur. Et en France, ni à droite ni à gauche, ce type d'approche n'a été encore abordé. Hélas !

  • Lizerunn

    Mensonges et bullshit.
    Tous les professionnels et les spécialistes savaient que le système des subprimes/CDS allait exploser et causer une grave crise. Même Ch. Lagarde le dit.
    D'autres part, dans un système ou la monnaie de réserve est une monnaie de singe, il faut être sacrément c... pour vendre les réserves d'or du pays (à qui au fait ?). C'est de la haute trahison pure et simple.
    Quant à vos c...ies sur la dette et la retraite, c'est de la provocation pure et simple et ça ne tient pas la route deux secondes.

  • neurones

    Il y a un manque flagrant de connaissance en gestion économique sur ce forum certains font des réflexions dépourvues d'objectivités c'est lamentable. Comparer la situation de l'économie en 2004 quand la bourse de 2004 à 2007 grimpait de 50% que le Stock d'or ne rapportent rien ! Et surtout que le montant des intérêts à rembourser était de 33 milliards sur les 1130 milliards de dette. Je peux comprendre l'anti Sarkozysme des 45/55ans qui se retrouvent à travailler 2 années de plus... ! Qu'ils sachent que les cadeaux de la retraite à 60 ans et les 35H dans une économie mondiale cela était trop précoce. Il était inévitable qu'il fallait tôt où tard payer la facture.
    Concernant les grands économistes de tout poil aucun n'avait anticipé le Crack de Lehman Brothers de octobre 2007 Même Standard&Poor's avait commis l'erreur de lui octroyer le triple A 3 mois avant le crack. Entre nous ces grands économistes si ils étaient si fort ils devraient être milliardaires.